Actes du colloque "La névrose et la famille moderne" > Présentation

 

Présentation des Actes du Colloque International 

 

"La névrose et la famille moderne"

 

 

En Novembre 2012, se tenait à l'Université de Rennes 2 une journée d'étude internationale sur le thème « Névroses d’aujourd’hui ». Cette journée était organisée dans le cadre du Laboratoire Recherches en psychopathologie : nouveaux symptômes et lien social, EA 4050. A la suite de cette journée, un groupe de recherche s'est constitué au sein de ce Laboratoire sur le thème "Structures cliniques et nouvelles formes de la famille". Créé en 2013, ce groupe de travail aura abouti à l'organisation en Novembre 2014, à l'Université Rennes 2, d'un Colloque international intitulé: "La névrose et la famille moderne". Les actes de ce colloque sont à présent disponibles sous forme numérique sur ce site, et les textes des communications téléchargeables.

 

Coordination des actes du colloque : Hamid Hannaoui, Laurent Ottavi, David Bernard

Contact: hannaouihamid@hotmail.com

Conception de l'affiche : Yann Divry

 

 

Argument du colloque 

 

Se détacher de ses parents, voilà selon Freud[1] l’une des tâches les plus difficiles pour l’être parlant. Et d’ailleurs, chaque expérience analytique le vérifie. Dire n’importe quoi, ainsi qu’y invite la règle de l’association libre, reconduit nécessairement l’analysant à parler de son enfance. Autrement dit, déchiffrer son symptôme ramène à ce qui fait l’enfance, c’est à dire, précisera Lacan, « ce par quoi on tient à sa famille »[2]. Mais justement, par quoi tient-on à sa famille ? Et en quoi cela pourrait-il déterminer, pour une part au moins, un symptôme ?

Sur ce point, Lacan fut explicite : le parent est traumatique, en tant qu’il produit la névrose... innocemment[3]. La radicalité de la thèse peut surprendre, tant Lacan souligna par ailleurs la participation de l’enfant à ce qui lui était transmis. Ainsi aura t’il démontré le poids décisif de sa rencontre avec le désir de l’Autre parental, mais aussi de la jouissance de l’Autre parental, qui est autre chose. Deux rencontres néanmoins laissant ouverte, c’est à dire jamais programmable, la façon dont l’enfant interprétera et répondra à ces opacités. En effet, ce que l’enfant rencontre ici est une énigme, qui le laissera intranquille. D’abord, celle du désir de l’Autre à son endroit. Tu me dis ça, tu me dis ça, mais pourquoi tu me dis ça ? demande l’enfant. Mais aussi, celle de l’union de ses parents dont il se sait être le rejeton. Ainsi que le sont toujours les histoires d’amour des autres, celle-là aussi, lui sera incompréhensible.« Ce que je n’ai jamais compris, ce sont tes rapports avec papa, (…). Pour moi, votre vie commune, c’est une énigme »[4]. Ainsi, ceux que l’on dit les plus proches pourraient être aussi les plus étrangers, dans leur désir, et dans leur jouissance. Extimité de l’Autre parental, certes plus ou moins voilée selon les cas, mais là de structure. Enfin, Lacan soulignera ce que ces expériences énigmatiques doivent aussi au malentendu que sèment, dans le lien de filiation, le langage et lalangue. « De traumatisme, il n’y en a pas d’autre : L’homme naît malentendu »[5], en concluait-il en 1980. De quoi réinterroger, là-encore, ce qui dans le lien à l’enfant, fait trauma, puis symptôme.

A cela, nous ajouterons aussi ce qui fait l’actualité de ces questions. Qu’est-ce que les discours qui impactent notre époque, auront ici changé… ou non ? Les récents débats sur la famille auront ainsi interroger ce qui fait le lien à l’enfant. Dans cette ligne, nous savons combien les cultes modernes de la performance et de la transparence n’aiment guère les opacités, pas plus que les malentendus, encore moins les symptômes. Seulement, demandons-nous : que resterait-il du lien à l’enfant, ainsi nettoyé ? Que serait une éducation « réussie » ? Kafka, dans sa Lettre au père, y aura répondu : une « fureur »[6]. A l’idéologie de la bonne éducation, Freud opposa jadis son diagnostic : éduquer est impossible. De quoi nous questionner aujourd’hui sur ce qu’est, cet impossible, et comment il donne chance, justement à ce qu’un lien à l’enfant advienne, qui ne soit pas anonyme.

 

Responsables du Colloque : David Bernard, MCF Psychopathologie, Université Rennes II, Laurent Ottavi, Pr de Psychopathologie, Directeur de l'EA 4050, Université Rennes II

Comité scientifique du Colloque : Sonia Alberti (Universidade do Estado do Rio de Janeiro), Sidi Askofaré (Université Toulouse II Le Mirail), David Bernard (Université Rennes II), Gwénola Druel (Université Rennes II), Jean-Luc Gaspard (Université Rennes II), Romuald Hamon(Université Rennes II), Alexandre Levy (Université catholique d’Angers), Gabriel Lombardi (Universidad de Buenos Aires), Patrick Martin (Université catholique d’Angers), Laurent Ottavi (Université Rennes II)

 


[1] Freud S., « Le roman familial des névrosés », in Névrose, psychose et perversion, PUF, Paris, 1973, p.157.

[2] Lacan J., Conférences et entretiens dans des Universités nord-américaines, Scilicet n°6/7, 1975.

[3] Lacan J., Séminaire Le savoir du psychanalyste, séance du O4/05/1972, publiée dans Lacan J., Le Séminaire Livre XIX, … ou pire, Seuil, Paris, 2011, p.151

[4] Bergman I., Sonate d’Automne, éd. Gallimard, 1978, p.47

[5] Lacan J., « Le malentendu », in Ornicar ?, n°22-23, 1981, p.12

[6] Kafka F., Lettre au père, éd. Petite bibliothèque Ombres, Toulouse, 1994, p.68

 

 

Personnes connectées : 1